mardi 30 janvier 2018

Marcher, source d'inspiration pour écrire

Je vais régulièrement à la pêche, non pas la pêche en mer ou à la ligne, au bord d'un lac ou d'une rivière. Non, plutôt la pêche aux livres, dans les rayons des librairies, réelles ou virtuelles. En quête de livres qui parlent de la marche, sous ses innombrables formes : des guides de balades et randonnées, des récits de voyages à pied, des manuels didactiques, des retours d'expériences... La marche est un sujet qui inspire de nombreux auteurs.

Je voudrais vous parler de ma dernière pêche : j'ai ramené dans mes filets un petit ouvrage qui ne paye pas de mine, mais au titre prometteur : Marcher, écouter ce que nos pas nous disent, de Gérard Lefebvre.


C'est un livre inclassable, présenté comme un essai, qui se retrouve curieusement chez son éditeur dans les rubriques philosophie et spiritualité. Il relate les pensées et les ressentis de l'auteur, visiblement grand marcheur, que lui ont inspirés ses multiples expériences de la marche. Pas très épais, il se présente sous la forme d'un abécédaire, il peut donc être lu et relu, dans l'ordre ou dans le désordre. C'est un plaisir de l'ouvrir au hasard et de lire quelques pages qui évoquent avec poésie, les réflexions et les émotions de l'auteur-marcheur.

Impossible à résumer, je vous en propose un court extrait, tiré du chapitre M, comme marcher...

« Marcher, quelle incomparable élégance et quelle chance immense. La marche se voit qualifier de multiples façons. Ainsi, elle peut être méditative ou méridienne, tant ces deux formules nous sont vivement recommandées. Elle peut aussi être mobilisatrice, nuptiale ou de couleur (blanche le plus souvent). Elle peut également se manifester sous forme de mouvements organisés et de protestations spontanées. Mais elle peut aussi prendre l'allure de rassemblements, d'oppositions ou d'indignations, visant à porter plus loin l'écho de nos pas accompagné par celui, plus bruyant, de nos voix. À d'autres moments, cette même marche peut devenir solitaire ou de défilé, expéditive ou punitive, de combat ou de dérision, silencieuse ou de carnaval, militaire ou de procession. Sans oublier qu'elle sait aussi être sportive, rapide, athlétique, nordique ou afghane.

Il y a dans cette dimension motrice une sorte de lutte implicite pour promouvoir avec ferveur la liberté et l'expression raffinée de cet art délicat de bien se mouvoir. En filigrane, il y a aussi très souvent la volonté de s'opposer avec véhémence à l'asservissement redoutable des hommes. On y trouve toujours cette folle détermination à vivre et à rester debout. On peut également y voir ce besoin intime de croiser son chemin avec d'autres humains, de partager avec ferveur une cause commune, de transmettre avec conviction des énergies inconnues et d'avancer vers un lieu symbolique indéfini, avec la secrète espérance d'ouvrir une voie vers un ailleurs meilleur et chargé d'humanité. Et avec une incomparable patience, s'aventurer encore et encore, et infatigablement oser mettre un pas devant l'autre, marcher et marcher toujours... »

Ce livre est évidemment disponible en consultation ou en prêt, dans notre bibliothèque dédiée à la marche, à la boutique le Sens de la Marche de Toulouse.


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