samedi 12 novembre 2016

La loi du marcher

Le week-end dernier, chez des amis, j'ai feuilleté un guide, intitulé le Piéton de Paris, proposant 15 itinéraires de balades pour découvrir des endroits insolites de la capitale. J'ai beaucoup apprécié la préface, intitulée "la loi du marcher" et signée par le designer Philippe Starck. Je vous la recopie ici :

« L'Homme, dans son destin de bipède, est voué à la marche. C'est ainsi qu'il fonctionne le mieux et, en ce qui me concerne, c'est en marchant, comme ça, à vau l'eau, que les idées me viennent. Une question d'oxygénation du cerveau, parait-il.
Lorsque mon ami Jean-Pierre Xiradakis m'a parlé de la collection Le Piéton de... j'ai emboîté (à sa surprise) mes pas dans les siens. Je pense en effet que la marche urbaine est un concept d'avenir, nécessaire au bonheur des cités futures.
D'abord au niveau éthique : le piéton évite l'agressivité. Face au super masse market qui se régale de sa propre diarrhée automobile, l'acte piéton est déjà un acte de rébellion, "des-élitisé", écologiquement honnête. L'usage du vélo, magnifié en temps de grève, n'est qu'un phénomène transitoire. La lutte anti-automobile a toujours existé, c'est une question de civilisation. Dans son Émile, Jean-Jacques Rousseau écrit en 1762 : "J'ai toujours vu ceux qui voyageaient dans de bonnes voitures bien douces, rêveurs, tristes, grondants ou souffrants, et les piétons toujours gais, légers et contents de tout."
Le piétonnisme est noble. Hors des codes de la route, le marcheur est un créateur. Lorsqu'il déambule dans Paris, il anticipe un cheminement idéal, s'inspire d'un guide ou du plan du métro, interroge un passant, prend telle rue, se dirige vers un monument, un café, une vitrine. Dans le formidable labyrinthe parisien, le piéton crée un itinéraire complexe, structure une forme, un objet composé de pas, un design pédestre.
Plus encore : à long terme, la technologie multimédia, balbutiante aujourd'hui, va abolir les déplacements professionnels. Le piéton va réexister. Les moyens de locomotion vont décroître, les axes rouges passer au vert. Les routes vont devenir des chemins et, je l'annonce, les Parisiens fouleront un jour ce qu'ils cachent aujourd'hui dans leurs rêves les plus fous : des sentiers... »


un exemple de trace
dessinée avec les pieds
Merci, Monsieur Starck, de présenter la marche urbaine comme un concept d'avenir. J'aime beaucoup aussi cette idée d'envisager l'itinéraire piétonnier comme un objet, comme une création, comme une trace que l'on dessine avec ses pas. Je rêve également au jour où il semblera naturel à tous de se déplacer en ville à pied plutôt qu'en voiture !

Voici un exemple de trace dessinée avec les pieds, une randonnée urbaine sur le thème "Vingt fontaines dans le centre de Toulouse" :
http://www.sitytrail.com/lang-fr/t/656938. C'est un des parcours que je propose à l'occasion des marches Harmonie et Équilibre.
Avec un peu d'imagination, on peut voir tout un tas de choses dans ce dessin. Moi, je vois la silhouette d'un animal fantastique. Et vous, que voyez-vous ?